
Un peu de moi
Je suis un amoureux du grand, du vaste, de la contemplation et des moments de solitude. Bien que détestant la ville pour ce qu’elle représente (bruit, pollution, train de vie infernal), j’adore les architectures massives et oppressantes selon certains. J’aime tout ce qui nous rappelle que nous ne sommes pas grand chose dans cet univers qui n’a paradoxalement d’autre but que celui que nous lui donnons, aussi suis-je tout naturellement attiré par le stoïcisme et passionné d’astronomie. Je ne me mets pas de barrière en ce qui concerne mes découvertes artistiques, j’aime être surpris et chamboulé et brider ma curiosité serait donc bien trop contre-productif !
Le Pif
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Une heure de la nuit
Il est une heure, le monde dort
La nuit étend son drapé noir.
Et moi pourtant je reste là
Me demandant comment dormir…
Il y a tant à faire, à vivre,
A lire, écrire avant le glas…
Alors qu’il reste tant à voir,
Il est une heure, le monde dort.
Mais ce n’est pas là une plainte
Ou bien un cri de solitude
Mais bien une ôde aux insomnies
Qu’autant je maudis et chéris
Pour ces moments tout de quiétude
Qui me font dire sans joie feinte
Il est une heure, le monde dort.

Illustration réalisée avec l’intelligence artificielle Midjourney
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Complainte d’un dragon triste
Être un cracheur de feu, en voila une sacrée tare !
Des années passées à amasser mon trésor…
Des années envolées en un tourbillon de braises, cendres et flammes !
M’appellerais-je Alexandre que la blague en serait totale !
« Quoi ?! tout ce chemin pour un vieux dragon qui entasse des bouquins ?! » m’étais-je entendu dire par plus d’un chevalier inculte espérant richesse et rubis au lieu de finesse et poésie !
Peut-être qu’au final, du haut de leur cupidité, ces heureux ignares avait-ils bel et bien raison !
Mes livres si prompts à enflammer les imaginations le furent tout autant à s’enflammer sous mes éternuements !
Pourquoi a-t-il fallu que je m’essaye à l’art subtil de l’écriture, moi qui de l’oie suis allergique à la plume ?…
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La présent n’existe pas
Il est des choses qui sont des évidences. Des choses tellement évidentes qu’il ne nous viendrait pas l’esprit, ne serait-ce qu’une seconde, de les questionner.
Tout le monde est sûr de sa propre existence.
Moi par exemple, je vis sur Terre, dans le système solaire flottant au sein de la Voie Lactée qui trône elle même dans le Groupe Local. J’ai des parents qui eux même ont des parents. Actuellement je sens le sol sous mes pieds, l’air dans mes poumons, etc.Maintenant si je me risque à mettre de côté toutes ces considérations physiques liée au « où » et au « comment », la question prend une tournure inattendue.
Je vis quand ?
Mon futur n’existe pas encore et mon passé est révolu. Il ne me reste donc que le présent pour vivre. Certes. Mais à quel moment et sur quelle durée le présent existe-t-il ? Une journée ? Un heure ? Une minute ? Rien de tout ça ? Puisque le futur, dès qu’il est vécu, tombe instantanément dans le passé, où est le présent ?
Un peu comme le silence se brise par la simple évocation de son nom, le présent meurt dès lors qu’il est vécu. Cependant je continue d’exister…
Ce qui au final m’amène à penser que je ne vis pas dans le présent, ou du moins pas uniquement. Je vis en même temps dans le futur et le passé, le présent n’étant que le sursaut survenant quand l’un devient l’autre.
Je m’explique : ce que je suis est défini par ce que j’ai été et ce que je compte ou espère être. Au moment où mon stylo touche la feuille c’est pour écrire ce qui a été pensé par mon moi futur du moment pour devenir un support de réflexion laissé par un moi passé.
Au final, plus on regarde en détail, moins le « présent » semble avoir une existence concrète. Malgré cela c’est pourtant la seule chose que nous avons pour exister et réfléchir.
Si je devais émettre un définition du concept qu’est le présent ce serait probablement ceci : instant qui était dans le futur et qui sera dans le passé.
« Puisque le passé n’est plus, puisque l’avenir n’est pas encore, puisque le présent lui-même a déjà fini d’être avant même qu’il a commencé d’exister, comment pourrait-il y avoir une réalité du temps ? » se demandait Aristote.
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Tâche d’encre
Tâche de Spleen, tâche d’encre
Dans mon cœur, sur ma feuille
Dans mes veines, entre mes lignes
Du noir de l’âme au noir de l’encre.
Ma plume, canalisant ce flux de pensées sybillin,
Libère ainsi mon esprit de ses viles chimères
Et sur le papier les contraint
A transformer la tâche d’encre en trouée de lumière.
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Le livre du Passeur, ouverture
Il s’agit de la suite au récit : Le livre du Passeur
Alors que je reprenais péniblement mes esprits, échouant à me convaincre que j’étais toujours le prisonnier du rêve, mon attention se porta sur ce petit livre dont la couverture est d’un jaune intense.
Je décidai de me lever et de le laisser là. Je n’osai guère l’ouvrir pour le moment. Peut-être ce soir aura-t-il disparu comme il est apparu… me disais-je. Au fond de moi je savais que tel ne serai pas le cas.
Après avoir bu un café je décidai finalement de retourner dans ma chambre. Il était toujours là, jaune, impossible à ignorer, comme s’il voulait être ouvert, comme s’il voulait être lu.
Dehors il s’était mis à pleuvoir, réduisant mes projets de jardinage à néant. N’ayant donc rien de mieux à faire je cédai à l’appel de ce livre.
Alors que je l’ouvris, je fus saisi d’un violent vertige. Non content de relater l’intégralité de mes pérégrinations oniriques, les lignes de se livre étaient écrites de ma plume. Une version distordue mais mienne malgré tout. Je me serais étalé au sol si mon lit ne m’avait retenu tant le choc fut violent.
Je jetai ce livre maudit aussi loin que le permettait l’espace étriqué de ma chambre. J’étais saisi d’une indicible terreur… jamais je n’avais acheté ce livre et encore moins écrit dedans, il ne pouvait pas exister c’était tout bonnement impossible.
Et d’un coup me vint une terrible question : qu’allait-il se passer si je me rendormais ? Et pire encore, qu’allait il se passer si de nouveau je rêvais ?
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Micro fiction : Le croque-mort
Pour tromper la monotonie de son travail, ce vieux croque-mort avait pris l’habitude de poser des questions à ses « patients », de leur faire la conversation tout en les préparant. Quelle ne fut pas sa surprise quand un jour on lui répondit.
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La plume et l’écume
Juste une envie d’écrire, de papier sous la plume,
D’une évasion soudaine, de rêve au bout des doigts.
Ainsi je prends mon encre, et ma voile déploie
Tel un marin perdu, mes songes alors j’écume.
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Rien

Illustration réalisée avec l’intelligence artificielle Midjourney Des fois il ne se passe rien. Rien de notoire, rien d’extravaguant. Le temps se contente de passer paresseusement sans prétention aucune. Ces moments privilégiés sont de ceux que je préfère et ce pour une simple raison : quand on peut se contenter du simple temps qui passe sans éprouver la moindre culpabilité, sans l’urgence d’occuper ce temps, c’est qu’on est en paix et que rien ne saurait nous troubler.
Je laisse le soin de s’agiter et de s’éparpiller en vaine paroles à ceux qui ont des choses à se prouver. Ceux qui en rentrant de vacances sont fiers de dire à qui veut bien l’entendre qu’ils ont fait maintes et maintes choses, visité l’intégralité d’un département, le moindre centimètre carré d’une ville. Personnellement je m’amuse même particulièrement de leurs réactions lorsque, quand on me pose la question de ce que j’ai fait pendant mes vacances ou mon weekend, je me contente de répondre que je n’ai rien fait ou que je me suis simplement reposé. Leur visage ne manque pas de se teinter de la surprise de celui qui ne comprend pas que l’on puisse ainsi gâcher son temps libre.
Mais au final, qui de celui qui éprouve le besoin permanent de se justifier de vivre ou de celui qui vit simplement est le plus libre ?
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De l’image du roc
Il en est qui se comparent à un roc. Mettant en avant leur inébranlable volonté, leur invulnérabilité aux attaques, leur force à faire bouger les lignes de leur destin. La chose est pourtant hautement ironique.
Entendons nous, le roc tient plus de l’image du vieux têtu inerte que de celle de la force de mouvement. D’ailleurs, rarement on aura vu un roc briller de par ses actions. A la rigueur en arrêtant une vague…
Le roc au final ne fait pas grand chose si ce n’est s’effriter avec le temps, s’éroder, s’émietter, disparaître. Non le roc ne trompe pas grand monde… Certes il est maître dans l’art de l’inertie, mais pour ce qui est de créer… selon sa composition au mieux il enrichit par sa dégradation le sol sur lequel viendra lentement pousser la végétation, au pire il empoisonne ce même sol le rendant stérile, désert, mort ; dans les deux cas écrasant tout ce qui se trouve directement en dessous de lui.
Il existe cependant une autre alternative minérale à mes yeux, celle du galet, qui, même s’il est malmené par les flots dans un premier temps, finit au fil des ans par se donner cette forme ronde et lisse sur laquelle l’eau glisse sans lui causer le moindre tourment. De tous les minéraux, c’est bien le seul qui sait composer avec les aléas lui étant imposés par une dame nature pas toujours clémente.
Donc à l’avenir, si d’aventure il te vient l’envie de t’identifier à un minerai. Fais en sorte que ce soit au galet qui brille par sa capacité de changement et non au roc monolithique qui n’a pour seule destinée que cette image de bloc inerte et pataud incapable de la moindre once de subtilité.
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L’égaré volontaire
Il aimait vagabonder une paire d’écouteurs dans les oreilles. Se laisser marcher au hasard des carrefours, en ville, dans la campagne ou tout simplement allonger dans l’herbe les yeux perdus dans la voute céleste. A ses yeux il n’existait rien de plus grisant que de se laisser surprendre par la beauté de l’inconnu, la beauté sur laquelle on tombe sans même l’avoir cherchée.
C’est pourquoi il s’accommodait fort mal des voyages en groupes où, comme dans le quotidien, toute source d’émerveillement se noie sous une planification étouffante, cynique et désabusée. Non, lui aimait ne rien prévoir. D’ailleurs c’est en ne prévoyant pas que se sont présentées à lui les plus belles visions du monde. La vue sur une plaine au Soleil couchant, une trouée dans la verdure des gorges de quelque rivière, une rue donnant sur un bâtiment désaffecté duquel émane cette vibrante sensation que le chaos reprend ses droits, lui rappelant par la même qu’il est lui même, au final, bien peu de choses.
Et de ses pérégrinations il préférait ne rien garder d’autre que son ressenti. D’ailleurs toutes les photos qu’il avait prises de ces rares moments se révélaient en général n’être que de pâle copies de ses émotions, le simple fait de fixer « objectivement » sa vision lui en retirait tout son charme, toute son essence… Si seulement il savait dessiner alors peut-être…
Parfois il écrivait, s’égarant dans les lignes qu’il avait lui même écrites.