
Un peu de moi
Je suis un amoureux du grand, du vaste, de la contemplation et des moments de solitude. Bien que détestant la ville pour ce qu’elle représente (bruit, pollution, train de vie infernal), j’adore les architectures massives et oppressantes selon certains. J’aime tout ce qui nous rappelle que nous ne sommes pas grand chose dans cet univers qui n’a paradoxalement d’autre but que celui que nous lui donnons, aussi suis-je tout naturellement attiré par le stoïcisme et passionné d’astronomie. Je ne me mets pas de barrière en ce qui concerne mes découvertes artistiques, j’aime être surpris et chamboulé et brider ma curiosité serait donc bien trop contre-productif !
Le Pif
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Retour de lecture de la BD Frontier par Singelin

A l’instar du colossal PTSD sorti en 2019, Frontier de Singelin ne m’a clairement pas laissé indifférent. Des illustrations toujours au top (style, couleur, construction de l’environnement) qui malgré une certaine kawaïerie traite d’un sujet grave.
Les corpos sont devenues toutes puissantes et exploite la moindre ressource exploitable du système solaire jusqu’à la moelle (les humains étant bien évidemment une ressource). Au milieu de ce merdier, Ji-Soo la scientifique, Alex spécialiste réparations extra véhiculaires, et Camina férailleuse exmercenaire. Décide de se rebeller et de fuir les corpos.
J’ai suivi avec beaucoup de plaisir ces trois compères (et goku le singe de labo) parfois inquiet et souvent touché par leurs péripéties.
De la bonne SF avec un chouette message un poil fataliste au depart mais teinter d’espoir sur la durée. Des personnages bien écrits avec leur lots de regrets, de démons et d’espoirs. Le tout dans un univers chatoyant et foisonnant de détails.
Recommandé à 100%
P.S : à acheter au Migou !
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Oraison funèbre
Bon… Le texte que je vais poster aujourd’hui, je ne savais pas vraiment si je devais le poster… Je l’aime beaucoup mais c’est sans l’ombre d’un doute le plus triste que j’ai écrit, et ce pour une bonne raison ce n’est pas une fiction et il parle de ma mamie, ce texte je l’ai déclamé lors de son enterrement il y a un peu plus d’un an. Si je me résigne à le publier c’est à la demande de sa fille, ma maman.
Au moment où je pose ma plume sur mon carnet pour écrire ces lignes, je sais
que la tâche s’annonce complexe…
Comment retranscrire par des mots, la discrète mais puissante admiration que
j’avais et que j’aurais toujours pour cette dame qui fut ma mamie ?
Peut-être en en parlant à travers mes yeux d’enfant. Parce que Mamie, tu
représentais probablement le dernier fanal brûlant encore du feu de mon
enfance.
Je me souviens d’une femme forte, juste, et parfois espiègle.
On avait beau, entre cousins, se croire plus malins que toi, d’une simple partie
de dames tu nous faisais comprendre que tel n’était pas le cas.
Parce que oui, même si Deep Blue en 1997 battit Kasaprov aux échecs, aucun
doute que mamie aurait appris à ce premier que « souffler n’est pas jouer »
avant de lui mettre 3 dames dans le vent…
Mais je divague.
Mamie c’était la chaleur d’un amour inconditionnel de ses petits-enfants. J’en
veux pour preuve la patience nécessaire à gérer toute cette marmaille en
vacances qui court tout autour de Bellevue armée de faux fusils et se taillant
des QG militaires dans les buissons avant d’aller festoyer autour de bol de
Kellogs au « couän » du feu.
Pour tout ça merci. Infiniment merci, pour tous ces souvenirs, ces bonbons
avant de repartir chez nous (officiellement un seul, souvent deux, des fois
trois), le fameux Menu Mamie Best Of™ : Soupe à boules, saucisse purée,
crème anglaise.
Elle aura fait 94 fois le tour du Soleil, elle s’appelait Anna pour les uns, Nénette pour ceux qui la connaissaient ; mais nous mes sœurs, mes cousins, ma
cousine, nous aurons eu l’honneur d’appeler cette grande dame : Mamie.
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La Grande Bibliothèque
C’est au détour d’un rayon perdu dans la vielle bibliothèque d’une ville dont-il avait oublié le nom, qu’il était entré dans La Bibliothèque. Une bibliothèque aux innombrable rayons, aux interminables corridors, aux infinis escaliers. C’est en l’arpentant qu’il tomba sur ce livre, le seul qui n’était pas sur son rayon mais posé là sur une petite table de lecture.
Sa couverture était rugueuse, d’un blanc cassé terni par le temps, il avait pour seul titre « L’Index ».Bien qu’il fut relativement fin, une centaine de pages tout au plus en apparence, il semblait en renfermer d’avantage, bien d’avantage…
Il le referma et en le retournant il pu lire : « Voici l’index de la Grande Bibliothèque. Toi qui le lis contemple la grandeur des connaissances passées, présentes et à venir. Nous t’offrons avec le présent ouvrage le privilège d’étancher ta soif de savoir, aussi grande soit-elle et ainsi de réaliser le rêve de tant d’autres avant toi. »
Curieux qu’il était il prit L’Index avec lui sans se poser guère plus de questions.
Il l’ignorait encore mais à cet instant précis le pacte fût scellé.
Il n’avait pas su lire entre les lignes et sa curiosité venait de le perdre pour l’éternité.
Les premières heures il déambula intrigué entre les colossaux rayons de la Grande Bibliothèque.
Quelques heures plus tard il s’égara.
Au bout d’un jour il s’étonna de n’avoir ni faim, ni soif.
Il lut quelques livres.
Les semaines passèrent, les mois, les ans. Sa vie désormais rythmée par le son de sa respiration et du bruissement des pages qu’il feuilletait.
Par plusieurs fois il crut apercevoir d’autres personnes, entendre des conversations. Alors il avait hurler, puis surpris par le son de sa propre voix il s’était tut. Le silence avait d’ailleurs failli le rendre fou. Ou l’avait-il fait ?
Depuis combien de temps était-il en ces lieux… Combien de livres avait-il lut ? Combien lui en restait-il à lire ? Étaient-ils seulement dénombrables ?
Pire encore comment était-il encore en vie ? Pourquoi ne mourrait-il pas ?
Alors il comprit son erreur ; celle qui fut faite des décennies plus tôt.
Ouvrir L’Index, accepter Leur offre, Leur bénédiction empoisonnée.
C’était clair à présent, il lui fallait tout lire. Venir à bout de la Grande Bibliothèque était sa seule chance de salut.
Qui sait combien de temps il passerait encore entre ses rayons. Il espérait seulement tourner la dernière page du dernier livre avant que sa raison ne lui tourne le dos.
De ce que nous savons, des livres continuent de disparaître à intervalles réguliers de leurs emplacements avant d’y être reposés passés quelques heures, quelques jours, quelques mois.
Seul L’Index demeure encore introuvable.
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Petit éloge de la lenteur
Qu’il est agréable de prendre le contrepied de la frénésie du monde. Peut-on seulement apprécier la beauté de ce dernier sans être fondamentalement lent ?
« Les cimetières sont pleins de gens pressés. »
S’il y a bien un adage qui a une saveur toute particulière pour moi, c’est celui-ci. Lui qui en seulement sept mot réussi l’exploit de nous faire comprendre la réalité absolue de notre destin commun, tout en mettant en exergue que ce qui compte n’est pas tant le « où allons nous ? » que le « comment y allons nous ? ».
A quoi bon courir, à quoi bon se presser, faire des milliers de choses, si c’est pour n’en apprécier pleinement aucune ? Je trouve infiniment plus de satisfaction dans l’art du ne faire rien que dans la mode de remplir d’ostentatoires listes de vains accomplissements.
Alors oui on me taxera de paresseux, de fainéant ou que sais-je encore… et après ? Je peux au moins me targuer non seulement de savoir reconnaître de la beauté dans toutes choses mais surtout de savoir prendre le temps de l’apprécier. Dussé-je passer plusieurs minutes (heures ?) à contempler une tâche de lumière, le passage des nuages, un feu de cheminée.
Et enfin s’il y a une chose de laquelle je suis certain, c’est que si nous allons tous au même endroit, j’y arriverai le dernier.
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Le Vagabond de l’apocalypse

Image réalisée avec l’intelligence artificielle Midjourney Il aimait les couchers de Soleil. C’était son truc. Il était capable de rester des heures à les contempler, sans rien faire d’autre que d’apprécier ce spectacle à double tranchants qui, faute de précaution, pouvait vous carboniser la rétine. Celui de cette fin d’après midi d’automne était particulièrement beau. Le feu rougeoyant de l’horizon, si intense et explosif soit-il, laissait paresseusement la place à de pales tons jaunes et rosés, derniers éclats du jour précédent le bleu profond de la nuit à venir. Les gros nuages gris apportant la touche finale à ce fond de toile qu’aucun peintre ne saurait reproduire avec justesse.
Au point cardinal opposé, quelques étoiles commençaient à briller ça et là. Elles lui rappelaient les récits optimistes des œuvres de sciences fiction de l’ancien monde. Tant d’histoires dans lesquelles s’était affranchie des limites physiques pour conquérir le cosmos. Ce souvenir l’emplit d’une douce nostalgie… Certains auteurs avaient bien réussi à imaginer son monde à lui mais hélas pas les plus optimistes…
Alors que la lumière déclinait et laissait inévitablement la place à la fraicheur des nuits automnales, il décida qu’il était temps de descendre du toit plat de ce petit immeuble de deux étages pour allumer un modeste feu un étage plus bas. Une fois installé tout près du petit âtre, il fallait le surveiller pour ne pas voir son abri partir en fumée, il se mit à divaguer.
Il était là dans ce gros « cube de béton » devant son feu comme les premier Hommes dans leurs grottes. En un demi million d’années l’Homme avait réalisé le plus flamboyant tour sur lui même jamais vu… « Des cendres aux cendres » disait l’adage, « du feu au feu » constata-t-il. C’était d’autant plus vrai pour lui qui avait choisi la vie de vagabond. Il allait tantôt à travers les ruines, tantôt à travers la campagne avec, pour seul élément récurrent marquant sa vie, ces feux qu’il allumait le soir pour se chauffer, cuire son gibier, faire bouillir son eau. « D’un feu à un autre ». Ce mode de vie lui convenait très bien au fond. Il n’avait pas grand chose pourtant il ne manquait de rien, il avait l’essentiel. Et de toute façon il ne pouvait guère porter beaucoup plus sans que cela ne rende ses voyages pénibles.
Quand il revint à lui, il remarqua qu’il avait laissé bouillir son eau un peu trop fort en laissant ainsi s’en évaporer une petite partie. Il écarta la casserole du feu pour y faire cuire le petit gibier qu’il avait chassé plus tôt. Il aurait bien volontiers mangé du pain avec son repas mais il n’en avait plus depuis quelques jours. Peut être en trouverait-il dans le prochain village sur sa route. Les gens crachaient rarement sur un peu d’aide et n’hésitaient pas à céder quelques vivres en guise de remerciement. Et parfois, pour son plus grand bonheur, du pain.
Mais ce soir il devrait se contenter du souvenir et de l’espoir d’en retrouver bientôt. C’est la tête emplie de cette douce espérance qu’il s’endormit, bercé par le chant des dernier grillons de la saison.
Au loin une chouette hululait, près de lui son foyer temporaire crépitait.
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Bibliophobie
Même si ces piles de papiers reliées et protégées par une mince couverture de cuir provoquaient chez lui une étrange fascination, il éprouvait à l’égard de leur contenu une peur des plus viscérale. De tous les livres qui étaient passés entre ses mains tannées par les ans, il lui avait été impossible d’en lire ne serait-ce que les premières lignes.
Et si ces premiers mots lui plaisaient ? Et si tout un chapitre le captivait ? Et, pire encore, si le livre raisonnait en lui ?
Pourquoi cette peur ? Ce n’étaient que des livres après tout. Ils ne sauraient menacer directement son intégrité physique ou porter atteinte à sa santé. L’espace d’un instant il se sentit idiot. Avoir peur d’un petit tas de papier…
Pourtant il avait vu. Oui, il avait vu. Des hommes, des femmes, des enfants… Tous ceux qui avait un jour ouvert ces objets maudits avaient changé. Reniant certaines de leur idées, enterrant de vieilles croyances, remettant en question le monde ! En tout cas une chose était sûre, tous ceux qui avaient un jour osé poser leurs yeux sur les minces caractères noirs ornant les pages de ces maudits bouquins n’avaient de cesse que d’en lire d’avantage.
Non, lui ne voulait pas prendre ce risque, et encore moins celui de changer et de ne plus se reconnaître.
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Les mastodontes gris

Photo du Pif – (juin 2021) Il y en a qui aiment le soleil, d’autres la pluie, certains le froid ou bien l’orage (comme moi) mais ce que personnellement je préfère c’est ce moment précis où l’on sait l’orage inévitable, et il n’y a rien d’autre à faire que de profiter du calme spectacle donné par ces mastodontes gris chargés d’électricité se déplaçant lascivement au dessus de nos têtes.
J’adore ces rares moments de ruptures qui se produisent à la fin de l’été et annoncent le retour d’un l’automne salvateur. Ces moments où la tension dans l’air est quasiment palpable, où tout se tait, où le temps s’arrête jusqu’au flash assourdissant signifiant la remise en branle de l’horloge Terre.
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Post-apocalypse mon amour

Image réalisée avec l’intelligence artificielle Midjourney Bon… comme le dit la brève description en ouverture de ce blog, j’adore le vaste, la contemplation, la solitude. C’est donc tout naturellement que je me suis laissé séduire par l’esthétique post-apocalyptique.
Cependant, au fil des années, en creusant un peu j’y ai trouvé bien d’autres attraits que l’esthétique en elle même. En fait, au delà des oxymores que ce genre propose, entre océans désertiques, villes sans vie et complexes industriels bouffés par la nature, ce qui fait que je m’accroche toujours à ces univers, que d’aucuns qualifieraient de fatalistes, déprimant, voire soyons fous, nihilistes, ce sont les libertés scénaristiques et les réflexions sur la « nature humaine » qu’ils permettent.
A titre personnel, je vois dans la post-apocalypse une promesse presque romantique. Celle du retour de valeurs plus justes, la promesse d’un monde et d’une (proto) civilisation plus proche de problématiques « vraies » : Survivre.
Fini, le stress du dossier non finalisé, de la facture impayée, de l’inflation à grande échelle, le temps est à la subsistance. Les seuls problèmes rencontrés dans ce genre d’univers sont des problèmes concrets, honnêtes et justes en ce sens qu’ils concernent exclusivement des besoins physiologiques et non plus la conséquence malsaine des calculs des Hommes.
Pour moi le genre post-apocalyptique est un peu la face paisible d’une pièce dont le côté pile serait les récits concernant le personnage de Conan le barbare. Je m’explique. Conan est un barbare appliquant des méthodes rustres et violentes à des problèmes parfois liés à une société civilisée mais hautement corrompue.
« J’ai ravalé ma colère et j’ai gardé mon calme. Le juge a repris de plus belle, braillant que j’avais fait offense à la cour et que je devais donc être jeté dans un cachot pour y moisir jusqu’à ce que je dénonce mon ami. Comprenant alors qu’ils étaient tous fous, j’ai sorti mon épée et j’ai fendu le crâne du juge en deux. »
Conan le barbare dans :
La Reine de la Côte Rouge – Robert E. HowardDans la post-apocalypse, même cette différentiation des Hommes disparaît. Il ne reste que l’humain en tant qu’animal grégaire tentant de survivre et éventuellement de se fédérer de nouveau. Avec cependant la différence qu’il possède comme nouveau socle fondateur le passé d’une humanité qui a échoué… et avec de l’optimisme, la sagesse d’en tirer les enseignements.
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La musique et moi
J’ai toujours trouvé un exutoire dans la musique. Principalement dans les musiques « bruyantes » et saturées. Ça a toujours été mon moyen d’échapper aux tracas imposés par ce monde. D’aussi loin que je me souviens j’ai toujours apaisé, sinon réglé, mes conflits internes de la même manière : un casque sur les oreilles, un crépuscule et de la marche.
En réalité ces moments de vagabondage solitaire se pareront toujours pour moi d’une aura salutaire, cathartique. Je dis cathartique car je n’ai jamais réussi à calmer mes angoisses et apaiser mes colères par de la musique douce. Non, au contraire c’est en déportant mes sentiments, pensées, idées sombre sur une musique violente, épique, mélancolique que j’arrive, par une forme d’excès, à retrouver le calme.
Le morceau All We Knew And Ever Loved (tout ce que nous avons jamais connu et aimé) que j’ai souhaité partager avec vous en cet instant est peut-être celui qui, récemment, illustre le mieux ce côté cathartique tant recherché.
Une musique aux sonorités graves, épiques, dantesques illustrée par un clip montrant deux personnages de pierre prisonniers d’un genre de destinée obscure (qui m’évoque personnellement les dilemmes rencontrés par les protagonistes de tragédies grecques).Bref enjoy !
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Espaces Liminaux
Les espaces liminaux sont des lieux ayant un fort pouvoir évocateur (comme familiers sans y être jamais allé) représentant souvent une transition.
Le fait de les photographier vides leur confère cette étrange atmosphère figée, oppressante.Je ne saurai vous dire pourquoi mais c’est une esthétique que j’aime particulièrement. Et j’ai adoré arpenter ces couloirs, ce garage… seul et parfois surpris par l’arrêt du minuteur de l’éclairage.




