Il est des choses qui sont des évidences. Des choses tellement évidentes qu’il ne nous viendrait pas l’esprit, ne serait-ce qu’une seconde, de les questionner.
Tout le monde est sûr de sa propre existence.
Moi par exemple, je vis sur Terre, dans le système solaire flottant au sein de la Voie Lactée qui trône elle même dans le Groupe Local. J’ai des parents qui eux même ont des parents. Actuellement je sens le sol sous mes pieds, l’air dans mes poumons, etc.
Maintenant si je me risque à mettre de côté toutes ces considérations physiques liée au « où » et au « comment », la question prend une tournure inattendue.
Je vis quand ?
Mon futur n’existe pas encore et mon passé est révolu. Il ne me reste donc que le présent pour vivre. Certes. Mais à quel moment et sur quelle durée le présent existe-t-il ? Une journée ? Un heure ? Une minute ? Rien de tout ça ? Puisque le futur, dès qu’il est vécu, tombe instantanément dans le passé, où est le présent ?
Un peu comme le silence se brise par la simple évocation de son nom, le présent meurt dès lors qu’il est vécu. Cependant je continue d’exister…
Ce qui au final m’amène à penser que je ne vis pas dans le présent, ou du moins pas uniquement. Je vis en même temps dans le futur et le passé, le présent n’étant que le sursaut survenant quand l’un devient l’autre.
Je m’explique : ce que je suis est défini par ce que j’ai été et ce que je compte ou espère être. Au moment où mon stylo touche la feuille c’est pour écrire ce qui a été pensé par mon moi futur du moment pour devenir un support de réflexion laissé par un moi passé.
Au final, plus on regarde en détail, moins le « présent » semble avoir une existence concrète. Malgré cela c’est pourtant la seule chose que nous avons pour exister et réfléchir.
Si je devais émettre un définition du concept qu’est le présent ce serait probablement ceci : instant qui était dans le futur et qui sera dans le passé.
« Puisque le passé n’est plus, puisque l’avenir n’est pas encore, puisque le présent lui-même a déjà fini d’être avant même qu’il a commencé d’exister, comment pourrait-il y avoir une réalité du temps ? » se demandait Aristote.
