Sur le miroir d’argent, glissant vers l’horizon
Le passeur vers un lieu que lui seul aperçoit
La transporte elle dans son linceul de soie
L’eau doucement chante devant l’embarcation
Sur le miroir d’argent, les mots sont superflus
Il n’a rien à entendre, et elle rien à dire
Elle porte en silence les pleurs, les cris, les rires
Tous ces souvenirs qui lui auront survécu
Apparaît-elle enfin, sur le miroir d’argent
Sur les flots ? Dans les cieux ? Comment en être sûre ?
Elle est pourtant là, du monde la commissure
Seule Isle égarée sur les vastes mers du temps
Elle savait qu’enfin, elle reposerait
Dans une douce brise à l’ombre des cyprès.

Tableau : L’Isle des Morts – Arnold Böcklin (1883)