C’est au détour d’un rayon perdu dans la vielle bibliothèque d’une ville dont-il avait oublié le nom, qu’il était entré dans La Bibliothèque. Une bibliothèque aux innombrable rayons, aux interminables corridors, aux infinis escaliers. C’est en l’arpentant qu’il tomba sur ce livre, le seul qui n’était pas sur son rayon mais posé là sur une petite table de lecture.
Sa couverture était rugueuse, d’un blanc cassé terni par le temps, il avait pour seul titre « L’Index ».
Bien qu’il fut relativement fin, une centaine de pages tout au plus en apparence, il semblait en renfermer d’avantage, bien d’avantage…
Il le referma et en le retournant il pu lire : « Voici l’index de la Grande Bibliothèque. Toi qui le lis contemple la grandeur des connaissances passées, présentes et à venir. Nous t’offrons avec le présent ouvrage le privilège d’étancher ta soif de savoir, aussi grande soit-elle et ainsi de réaliser le rêve de tant d’autres avant toi. »
Curieux qu’il était il prit L’Index avec lui sans se poser guère plus de questions.
Il l’ignorait encore mais à cet instant précis le pacte fût scellé.
Il n’avait pas su lire entre les lignes et sa curiosité venait de le perdre pour l’éternité.
Les premières heures il déambula intrigué entre les colossaux rayons de la Grande Bibliothèque.
Quelques heures plus tard il s’égara.
Au bout d’un jour il s’étonna de n’avoir ni faim, ni soif.
Il lut quelques livres.
Les semaines passèrent, les mois, les ans. Sa vie désormais rythmée par le son de sa respiration et du bruissement des pages qu’il feuilletait.
Par plusieurs fois il crut apercevoir d’autres personnes, entendre des conversations. Alors il avait hurler, puis surpris par le son de sa propre voix il s’était tut. Le silence avait d’ailleurs failli le rendre fou. Ou l’avait-il fait ?
Depuis combien de temps était-il en ces lieux… Combien de livres avait-il lut ? Combien lui en restait-il à lire ? Étaient-ils seulement dénombrables ?
Pire encore comment était-il encore en vie ? Pourquoi ne mourrait-il pas ?
Alors il comprit son erreur ; celle qui fut faite des décennies plus tôt.
Ouvrir L’Index, accepter Leur offre, Leur bénédiction empoisonnée.
C’était clair à présent, il lui fallait tout lire. Venir à bout de la Grande Bibliothèque était sa seule chance de salut.
Qui sait combien de temps il passerait encore entre ses rayons. Il espérait seulement tourner la dernière page du dernier livre avant que sa raison ne lui tourne le dos.
De ce que nous savons, des livres continuent de disparaître à intervalles réguliers de leurs emplacements avant d’y être reposés passés quelques heures, quelques jours, quelques mois.
Seul L’Index demeure encore introuvable.