Le Vagabond de l’apocalypse

Image réalisée avec l’intelligence artificielle Midjourney

Il aimait les couchers de Soleil. C’était son truc. Il était capable de rester des heures à les contempler, sans rien faire d’autre que d’apprécier ce spectacle à double tranchants qui, faute de précaution, pouvait vous carboniser la rétine. Celui de cette fin d’après midi d’automne était particulièrement beau. Le feu rougeoyant de l’horizon, si intense et explosif soit-il, laissait paresseusement la place à de pales tons jaunes et rosés, derniers éclats du jour précédent le bleu profond de la nuit à venir. Les gros nuages gris apportant la touche finale à ce fond de toile qu’aucun peintre ne saurait reproduire avec justesse.

Au point cardinal opposé, quelques étoiles commençaient à briller ça et là. Elles lui rappelaient les récits optimistes des œuvres de sciences fiction de l’ancien monde. Tant d’histoires dans lesquelles s’était affranchie des limites physiques pour conquérir le cosmos. Ce souvenir l’emplit d’une douce nostalgie… Certains auteurs avaient bien réussi à imaginer son monde à lui mais hélas pas les plus optimistes…

Alors que la lumière déclinait et laissait inévitablement la place à la fraicheur des nuits automnales, il décida qu’il était temps de descendre du toit plat de ce petit immeuble de deux étages pour allumer un modeste feu un étage plus bas. Une fois installé tout près du petit âtre, il fallait le surveiller pour ne pas voir son abri partir en fumée, il se mit à divaguer.

Il était là dans ce gros « cube de béton » devant son feu comme les premier Hommes dans leurs grottes. En un demi million d’années l’Homme avait réalisé le plus flamboyant tour sur lui même jamais vu… « Des cendres aux cendres » disait l’adage, « du feu au feu » constata-t-il. C’était d’autant plus vrai pour lui qui avait choisi la vie de vagabond. Il allait tantôt à travers les ruines, tantôt à travers la campagne avec, pour seul élément récurrent marquant sa vie, ces feux qu’il allumait le soir pour se chauffer, cuire son gibier, faire bouillir son eau. « D’un feu à un autre ». Ce mode de vie lui convenait très bien au fond. Il n’avait pas grand chose pourtant il ne manquait de rien, il avait l’essentiel. Et de toute façon il ne pouvait guère porter beaucoup plus sans que cela ne rende ses voyages pénibles.

Quand il revint à lui, il remarqua qu’il avait laissé bouillir son eau un peu trop fort en laissant ainsi s’en évaporer une petite partie. Il écarta la casserole du feu pour y faire cuire le petit gibier qu’il avait chassé plus tôt. Il aurait bien volontiers mangé du pain avec son repas mais il n’en avait plus depuis quelques jours. Peut être en trouverait-il dans le prochain village sur sa route. Les gens crachaient rarement sur un peu d’aide et n’hésitaient pas à céder quelques vivres en guise de remerciement. Et parfois, pour son plus grand bonheur, du pain.

Mais ce soir il devrait se contenter du souvenir et de l’espoir d’en retrouver bientôt. C’est la tête emplie de cette douce espérance qu’il s’endormit, bercé par le chant des dernier grillons de la saison.

Au loin une chouette hululait, près de lui son foyer temporaire crépitait.


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