L’égaré volontaire

Il aimait vagabonder une paire d’écouteurs dans les oreilles. Se laisser marcher au hasard des carrefours, en ville, dans la campagne ou tout simplement allonger dans l’herbe les yeux perdus dans la voute céleste. A ses yeux il n’existait rien de plus grisant que de se laisser surprendre par la beauté de l’inconnu, la beauté sur laquelle on tombe sans même l’avoir cherchée.

C’est pourquoi il s’accommodait fort mal des voyages en groupes où, comme dans le quotidien, toute source d’émerveillement se noie sous une planification étouffante, cynique et désabusée. Non, lui aimait ne rien prévoir. D’ailleurs c’est en ne prévoyant pas que se sont présentées à lui les plus belles visions du monde. La vue sur une plaine au Soleil couchant, une trouée dans la verdure des gorges de quelque rivière, une rue donnant sur un bâtiment désaffecté duquel émane cette vibrante sensation que le chaos reprend ses droits, lui rappelant par la même qu’il est lui même, au final, bien peu de choses.

Et de ses pérégrinations il préférait ne rien garder d’autre que son ressenti. D’ailleurs toutes les photos qu’il avait prises de ces rares moments se révélaient en général n’être que de pâle copies de ses émotions, le simple fait de fixer « objectivement » sa vision lui en retirait tout son charme, toute son essence… Si seulement il savait dessiner alors peut-être…

Parfois il écrivait, s’égarant dans les lignes qu’il avait lui même écrites.


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