Memento Mori

Les gens pressés l’amusaient autant qu’ils l’exaspéraient. Toutes ces petites fourmis s’affairant à courir après leurs missions indispensables à la société. Tous habités de cette certitude que, quoi qu’ils fassent, ils fussent indispensables, irremplaçables, nécessaires. Ainsi regardait-il leur routine : réveil, mission indispensable, repos, réveil, mission, repos, réveil…

Il trouvait d’autant plus risible cette danse du fait que tous ces être irremplaçables étaient déjà passé par plusieurs chaines dont ils étaient un maillon nécessaire. Et pourtant de fait… on les avait remplacés et ils avaient eux même remplacé.

Cela l’amena à se poser une question : comment tant de personnes occupant des rôles aussi banals pouvait-elles se croire irremplaçables à tel point ? L’orgueil ? Non, trop simple. Trouver un sens à leurs vies ? Probable. Se rassurer et se voiler la face quant à leur nature éphémère ? Assurément.

Sinon pourquoi cette quête permanente de la distraction ? Pourquoi chercher coûte que coûte à masquer cette vérité ? Les télévisions allumées en permanence, les stades remplis à en vomir la foule, les travailleurs s’oubliant dans leur travail, les jeux, les drogues…

Oui, tous ces gens courraient, mais pas après la vie comme il le leur semblait. Non, en agissant ainsi, la vie, ils la fuyaient. Ces êtres courraient après l’oubli. L’oubli de leur condition éphémère. Cependant il était persuadé que tous commettaient là la pire des erreur… Celle d’oublier de vivre. « Les cimetières sont pleins de gens pressé » aimait-il à dire.

Peut-être serait-il moins dommageable d’arrêter de se croire immortel pour mieux vivre ce qui nous est donné de vivre.

Peut-être vaudrait-il mieux marcher avec le temps que courir après lui.


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