La page blanche

Je ne saurais dire s’il existe plus frustrant sentiment que celui de se retrouver là, seul devant une feuille blanche. Seul avec son envie d’extérioriser quelque chose. Seul avec ce furieux besoin d’accoucher d’un texte. Seul face à cette page qui du haut de ces quelques microns d’épaisseur forme pourtant à elle seule un rempart infranchissable entre le moi intérieur, qui hurle du désir de créer, et le monde tangible.

Souvent j’ai cette impression que je ne fait que capter des phrases et les retranscrire. Comme si ce n’était pas moi qui écrivait mais quelque chose qui me dépasse. Et encore plus souvent je suis surpris de voir ce qui sort de ma plume alors que je me suis jeté contre ce rempart blanc sans idée aucune.

Peut être qu’au final la pensée est l’ennemie de la création, en ce sens qu’à être trop cartésien, trop logique on en vient à inhiber sa propre force créatrice qui, elle, ne saurait se limiter aux froides chaînes du réel.

C’est sûrement en cela qu’écrire est si libérateur. L’espace d’un instant, rien qu’un instant, la pensée s’efface devant la beauté créatrice.

L’espace d’un instant il n’y a plus de tracas que celui de noircir sa feuille pour éclaircir sa vie.


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