L’idéaliste de la fin du monde

Il déambulait paisiblement sur le sol noir craquelé duquel jaillissait ça et là quelques herbes folles. Il saisit, en les regardant, l’ironie de leur nom. Si ces brins verts perçant la misère d’un sol délabré avec une innocente mais néanmoins inébranlable force étaient qualifiés de « fous » alors qu’était-il lui ? Lui qui arpentait insoucieusement ce même environnement jonché des ruines d’une civilisation suffisamment folle pour s’autodétruire et entrainer la victoire inévitable de la nature sur le genre humain. Il prit parti de les renommer « herbes béates ». C’est ce qu’elles lui inspiraient ballotant dans la brise. La béatitudes de ne se soucier que du strict minimum. De l’eau, de la lumière et des sels minéraux. Un peu comme lui en somme… De l’eau, un feu, et de la nourriture. Au final n’est il pas là le vrai bonheur ? Se dit-il. Certes, et il en était conscient, il ne mènerait pas une vie aussi longue que les anciens dont certains, disait-on, vivaient plus de cent ans. Mais à quoi bon vivre longtemps pour vivre mal ? Non lui vivrait une vie courte mais vraie. Une vie simple mais authentique. Et quand son heure viendrait, il partirait le cœur tranquille nourrir à son tour les herbes béates.


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