– Crois-tu en une divinité ?

– Non.

– Comment alors expliques-tu tout ça ?

– Tout ça ?

– Oui nous, le monde, l’univers, la vie ?

– Vaste question…

– …

– Pour moi tout ce résume à l’ordre et au chaos.

– Comment ça ?

– Du chaos naît l’ordre, l’ordre s’épuise en néant, et du néant renaît le chaos. Tant qu’il « reste » de l’entropie.

– C’est tout ?

– Oui. Toi par exemple. Des atomes se sont ordonnés en molécules qui se sont à leur tour ordonnées en cellules et enfin en Toi qui en proie au vieillissement finira par disparaître en tant qu’individu. Rendant tes atomes au chaos.

– C’est tout ? Je ne suis qu’un tas d’atomes bien ordonnés ?

– Moi aussi.

– Tu ne trouves pas ça déprimant ?

– Non bien au contraire ! Regarde la voûte céleste et fait face à l’immensité du cosmos.

– J’ai le vertige et je ne vois pas où tu veux en venir…

– Et bien ce vertige signifie que tu viens de prendre conscience que toi, au milieu de ce chaos, de cet infini, tu as la chance d’avoir pu en prendre conscience.

– Je suis donc un tas d’atomes capable de penser dans un univers sans but où le chaos est maître.

– Moi aussi.

– C’est quand même tentant de mettre un Dieu derrière tout ça…

– Ce serait céder à la facilité.

– C’est rassurant.

– Vois-tu, je préfère infiniment la poésie du chaos au dogmatisme religieux. Je préfère mon statut de tas d’atomes doué de pensées et « jouant aux dés » avec le chaos à celui de mouton se laissant guider par son berger. Parce qu’ainsi, en acceptant le fait que l’univers n’a pas de but propre, j’accepte également le fait que le seul but qu’il a n’est autre que celui que je lui donne. Et cela mon ami fait de moi le plus libre des Hommes.


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